J’ai peur de la vieillesse. Oui, franchement, j’ai peur. Et j’ai peur surtout de la lente mais inévitable dégringolade vers l’incapacité physique et, finalement, la mort. Je ne crains aucunement la mort, mais je ne peux pas m’empêcher de me souvenir des paroles pensives de ma mère et de l’amie écrivain, qui m’ont répété maintes fois, dans des circonstances tout à fait différentes, « tu verras, il n’est pas facile de vieillir. »
Eh bien, pour l’instant, il n’y a, pour moi, rien de plus facile que de vieillir. On ne fait rien et on vieillit, c’est super, non ? Je me sens en forme, on me drague toujours (de temps en temps), il n’y a que les articulations de mes épaules qui me font un peu mal, mais je comprends que ça, c’est plutôt à cause de mes exercices quotidiens (et peut-être un rien excessifs). J’ai aussi un peu de fric dans la banque — pas beaucoup, mais assez pour pouvoir à mes besoins immédiats et dans le proche avenir. Dans l’arc qu’est ma vie, je sais que je tends à présent vers l’autre bout — la résolution, si vous voulez — et cette prise de conscience me pousse à vouloir profiter du temps qui me reste, avant que les « pièges » de la vieillesse si effroyablement soulignés par ma mère, par l’amie écrivain, par la belle-mère du mari, pour ne pas parler du père, qui devient fou furieux dans sa forteresse en ruine au Connecticut, et par tous les vieillards de notre connaissance (et on en connaît des tas !) ne me prennent.
» Quand vous serez bien vieille, Au royaume des aveugles.
Commentaires
Une réponse à “La facilité de vieillir”
Wilde a écrit « ce qu’il y a de terrible dans le fait de vieillir, ce n’est pas d’être vieux, mais de rester jeune »…