Ceci est bien un risque

Contaminé par une pipe. Un bon témoignage, qui doit faire gigoter bien des pédés sur leurs chaises:

J’ai toujours été nul en stats, mais je ne peux pas m’empêcher de faire des calculs, aussi inutiles qu’approximatifs. J’ai lu que 5 à 8% des contaminations sexuelles auraient lieu lors de fellations. Il semble difficile pour les scientifiques de donner un ratio exact. Quand bien même, je n’ai pas le sentiment que l’accent soit mis là-dessus dans les campagnes de prévention. ä peine est-ce évoqué. Le risque est réel, et pourtant on le minimise. ä mes yeux, la communication sur les risques liés à la fellation semble plutôt laxiste pour mieux faire accepter le préservatif lors des pénétrations. Je n’ai jamais sucé avec une capote. Qui le fait ?

Nous prenons tous des risques en permanence que nous assumons sans parfois même y penser. C’est trivial de le dire, mais sucer est risqué. J’en ai fait l’amère expérience.

J’ai aussi été contaminé par une pipe. Et quand j’ai été cherché mes (premiers) résultats, même le docteur-conseil avait essayé de me faire croire que je refoulais une autre pratique plus contaminante que je n’aurais pas protégée. Mais j’ai toujours mis des capotes pour baiser, sauf pour la fellation. Difficile de ne pas protéger cette pratique aussi désormais, si je veux être cohérent.

J’ai aussi arrêté d’en parler, parce que je n’ai plus le courage d’être celui qui apporte la mauvaise nouvelle : votre petit arrangement avec la prise de risque limitée est bancal.

Quant à la mésestimation du risque dans les campagnes de prévention, je pense qu’il est dû aux différences de pratiques entre hétéros et homos, à une méconnaissance du sexe gay par les professionnels de santé: on suce beaucoup plus. Chez les hétéros, la pipe, c’est (visiblement, hein, je suis pas un spécialiste) moins courant et moins long. L’omniprésence de cette pratique chez les gays augmente donc d’autant le risque de transmission.

Pour autant, et déjà quand j’étais chez Act Up, on était bien emmerdés avec cette donnée : Comment imaginer rappeler aux pédés — rappeler, parce que tout le monde sait que «le risque de transmission est faible», personne n’a jamais dit nul — de mettre des capotes pour sucer quand ils ne veulent même plus en entendre parler pour la sodomie?

Les risques liés à la fellation questionne la tendance actuelle de tout expliquer en pourcentage de risques. C’est intéressant au niveau populationnel. Mais au niveau individuel, le risque, c’est tout, ou rien. Transmission ou pas de transmission. Négatif ou positif.


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