Le guide des jeunes homos

L’ouvrage est dĂ©sormais Ă©puisĂ©.

Couverture du Guide de jeunes homos
Couverture du «Guide des jeunes homos»

« Etre jeune et dĂ©couvrir son homosexualitĂ©, c’est quelque chose de merveilleux. C’est sur cette idĂ©e toute simple qu’est basĂ©e ce guide. Â» Ce sont les premiĂšres phrases du Guide des jeunes homos que j’ai Ă©crit en collaboration avec un ami et collĂšgue journaliste, Xavier HĂ©raud. Paru le 9 juin 2004 chez Marabout, ce livre s’adresse aux jeunes gays, aux jeunes lesbiennes et Ă  tous ceux qui se posent des questions sur leur identitĂ© sexuelle, quelque soit leur Ăąge. Cette prĂ©sentation a Ă©tĂ© rĂ©digĂ©e lors de la parution du livre, en 2004.

Pourquoi ce guide ? DĂ©jĂ , parce que nous aurions aimĂ© le trouver en librairie quand nous Ă©tions plus jeunes. Ensuite parce que nous avions envie de faire profiter Ă  d’autres jeunes homos nos expĂ©riences respectives. Xavier Ă©tait Ă  l’Ă©poque responsable de la rubrique « 15/20 ans Â» de TĂȘtu et rĂ©pondait tous les mois Ă  un abondant courrier ce sujet. Pour avoir militĂ© dans des associations homos, comme le Mag-jeunes gais et lesbiennes ou Degel, j’ai Ă©tĂ© pour ma part amenĂ© Ă  « accueillir Â» beaucoup de jeunes en questionnement. En nous assumant en tant qu’homo, nous sommes passĂ© par des Ă©tapes (des rencontres, des joies, des Ă©preuves aussi) que franchissent tous les jours d’autres adolescents. Il nous semblait intĂ©ressant de leur faire profiter de notre expĂ©rience, pour leur Ă©viter, peut-ĂȘtre, de partir de zĂ©ro.

Xavier HĂ©raud et Charles Roncier (2004)
Les auteurs, Xavier HĂ©raud et Charles Roncier (2004)

Portail. Une chose Ă©tait claire dĂšs le dĂ©but. Notre livre serait un guide, certes, mais pas un mode d’emploi, ni le manuel du parfait homosexuel. Nous voulions aborder le sujet humblement, nous n’avons certainement pas la prĂ©tention d’indiquer aux jeunes homos et aux jeunes bisexuel(le)s comment vivre leur vie. Nous avons voulu ce guide comme une porte d’entrĂ©e, un portail vers les cultures homos, comme un premier aperçu de ce que peut ĂȘtre la vie d’un ou d’une homosexuel(le). Notre but Ă©tait de fournir des repĂšres et surtout de dĂ©gonfler, de dĂ©dramatiser ce questionnement. On peut nous rĂ©torquer que notre angle de travail Ă©tait un peu optimiste et que pour certains (beaucoup ?) d’ados, ĂȘtre homo est vĂ©cu comme un drame. Les statistiques le montrent, les jeunes homos sont trois fois plus nombreux Ă  tenter de se suicider. ça, nous ne le savons que trop bien. C’est justement en pensant Ă  eux que nous avons Ă©crit ce livre. En pensant Ă  toutes celles et tous ceux qui ne se sentent pas bien dans une peau qu’ils n’ont pas choisi, Ă  celles et Ă  ceux qui se font insulter, voire frapper quotidiennement parce qu’ils sont homos ou qu’ils « en ont l’air Â». Pour leur donner des Ă©lĂ©ments, des clefs pour changer leur vie dans la mesure du possible et se sentir mieux, sans pathos ni romantisme exagĂ©rĂ©.

Empowerment. C’est une idĂ©e qui nous semble importante : l’accomplissement personnel ne peut passer que par une prise de pouvoir sur sa propre vie. Si, Ă©videmment, personne ne maĂźtrise toutes les contraintes de son environnement, les jeunes homos dĂ©tiennent en partie la clĂ© de leur libertĂ© : c’est l’idĂ©e d’empowerment. Personne ne peut parler de la situation des jeunes homos mieux qu’un jeune gay ou qu’une jeune lesbienne. Personne ne se battra pour que la situation des jeunes homos s’amĂ©liore Ă  la place des jeunes gay et des jeunes lesbiennes.

Pratique. Parce que nous le voulions le plus pratique possible, notre propos est illustrĂ© par des tĂ©moignages, recueillis tout au long de notre activitĂ© journalistique et associative. Nous avons d’autre part veillĂ© Ă  la mixitĂ© des tĂ©moignages. Ce guide s’adresse en effet aussi bien aux gays qu’aux lesbiennes. Nous pensons que les gays et les lesbiennes ont plus d’élĂ©ments en commun que de motifs de discorde. Si ce guide a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© par deux garçons, avec les limitations que cela implique, nous avons portĂ© une attention spĂ©ciale Ă  la grammaire mais aussi aux points de vue des femmes pour chaque sujet. Nous avons rĂ©digĂ© des parties spĂ©cifiques filles et garçons chaque fois que cela semblait nĂ©cessaire.

Sommaire

Le guide des jeunes homos est divisĂ© en plusieurs chapitres (sans blague), qui se dĂ©roulent du raisonnement le plus intime Ă  l’intĂ©gration sociale de l’homosexualitĂ©, adoptant par lĂ -mĂȘme le cheminement de pensĂ©e que les jeunes homos empruntent au fil du temps.

Gay, lesbienne ou bi : Qui suis-je ? Les mots ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s pour dĂ©signer certaines personnes et les enfermer dans une catĂ©gorie. Ce n’est pas parce que vous couchez avec quelqu’un du mĂȘme sexe que vous que vous ĂȘtes forcĂ©ment homo. Et ce n’est pas parce que vous couchez avec quelqu’un du sexe opposĂ© que vous ĂȘtes hĂ©tĂ©ro. D’ailleurs, lorsqu’on aime ou lorsqu’un a des relations sexuelles avec quelqu’un que ce soit un garçon ou une fille, on se fiche de savoir si on entre dans telle ou telle catĂ©gorie. Ca vous semble compliquĂ© ? C’est normal. L’attirance, physique ou sentimentale, est au-delĂ  des mots.

Je sors du placard. Le placard, c’est un lieu oĂč l’on range ce qu’on ne veut pas voir. Il n’aura Ă©chappĂ© Ă  personne que la sociĂ©tĂ© dans laquelle nous vivons est trĂšs majoritairement hĂ©tĂ©rosexuelle. Cela ne signifie pas seulement qu’il y a plus d’hĂ©tĂ©rosexuel(le)s que d’homosexuel(le)s, mais surtout que les valeurs traditionnelles sur lesquelles sont fondĂ©es la plupart des cultures prennent pour base la relation amoureuse entre un homme et une femme. Il y a un nom pour cela : l’hĂ©tĂ©rocentrisme. C’est ce phĂ©nomĂšne qui rend le coming-out si important : si vous ne le faites pas, on suppose que vous ĂȘtes hĂ©tĂ©rosexuel(le).

Etre homo au collĂšge et au lycĂ©e. Mauvais moment Ă  passer ou lieu de vie essentiel, peu importe la maniĂšre dont on consiDĂ©?re l’école, car une chose est sĂ»re : ado, on y passe le plus clair de son temps. C’est lĂ , souvent, que l’on tombe amoureux pour la premiĂšre fois et c’est lĂ  que l’on prĂ©pare son avenir. Pendant cette pĂ©riode, on commence Ă  dĂ©couvrir sa sexualitĂ© et son orientation sexuelle, ou du moins les premiers indices. Pour autant, tout le monde ne vit pas le collĂšge et le lycĂ©e de la mĂȘme maniĂšre. De l’homo Ă©panoui(e) Ă  celui ou celle qui se fait harceler quotidiennement par des homophobes sans n’avoir rien dit ni demandĂ© Ă  personne, le spectre des expĂ©riences est large.

Affaires de familles. La famille, c’est LE grand dĂ©bat qui traverse la communautĂ© homo et mobilise tous les experts et pseudo experts de la question. Quelle est la place d’un homo dans sa famille ? Voulons-nous nous-mĂȘme en fonder une ? En avons-nous le droit ? Les interrogations ne manquent pas et on ne compte plus les livres, les colloques et les confĂ©rences sur le sujet. Nous ne sommes plus considĂ©rĂ©s comme des malades mentaux mais certains prĂ©fĂ©reraient que nous restions seul(e)s. Pourtant, nous faisons bien partie d’une famille ou plutĂŽt, de plusieurs familles.

Le sexe entre garçons et le sexe entre filles. Plaisir. C’est le mot qui pourrait rĂ©sumer l’esprit de ces chapitres sur le sexe. Attention, cependant, plaisir n’est pas synonyme d’abandon total. Prendre du plaisir, cela demande un minimum d’expĂ©rience. Compte tenu du risque des infections sexuellement transmissibles (IST), il faut apprendre Ă  se protĂ©ger.

L’amour. Qu’est-ce qu’ĂȘtre homosexuel sinon une question d’amour ? Longtemps, du fait de la morale puritaine, les couples d’hommes ou de femmes qui s’aimaient ont dĂ» se cacher. Certain(e)s ont dĂ» renoncer Ă  leur histoire, d’autres se sont empĂȘchĂ©s d’aimer, beaucoup l’ont tu. Un sentiment douloureux si l’on tient compte du fait que l’une des principales caractĂ©ristiques de l’état amoureux : l’envie de le crier sur tous les toits. Pouvoir s’aimer au grand jour aura Ă©tĂ© et reste le principal combat des homos. Parce que ce qui dĂ©range prĂ©cisĂ©ment les homophobes, c’est que deux hommes ou deux femmes puissent s’aimer sans se cacher, ni demander l’autorisation.

Losing my religion. Dans certains pays, la principale opposition au progrĂšs des droits des homos est justifiĂ© par des responsables et des militants religieux au nom de leur croyance. Pour autant, la religieux constituent une part non nĂ©gligeable de l’identitĂ© de certains homos.

Jeu de lois. C’est un fait : la lĂ©gislation, c’est-Ă -dire l’ensemble des lois, est en retard sur la sociĂ©tĂ©. Prenons un exemple. Lorsque le pacs a Ă©tĂ© votĂ©, de nombreuses enquĂȘtes montraient que les français avaient majoritairement une attitude bienveillante vis-Ă -vis des homos. Pourtant, de nombreux dĂ©putĂ©s, Ă  gauche, ne l’ont votĂ© qu’avec rĂ©ticence. A droite, une seule dĂ©putĂ©e y Ă©tait favorable. Et les dĂ©bats Ă  l’AssemblĂ©e ont Ă©tĂ© d’une rare violence homophobe verbale. A ce moment-lĂ , l’AssemblĂ©e ne reprĂ©sentait sans doute pas le vĂ©ritable visage de l’opinion publique. Aujourd’hui, en France, la loi est encore un vecteur de discrimination vis-Ă -vis des homos.

Militer. Bien trop souvent chez les gays et les lesbiennes, le mot « militant(e) Â» est considĂ©rĂ© comme une insulte. Pourtant, l’amĂ©lioration de la situation des homos doit beaucoup aux personnes qui se sont dit un jour qu’il fallait que les choses changent, qu’ils ou elles se soient organisĂ©(e)s en association ou non. Il y a en effet diffĂ©rents moyens de militer.

Les cultures homosexuelles. Pour certains, l’existence d’une culture homo est encore Ă  prouver. Il suffit de visiter une librairie homo dans n’importe quelle ville pour voir que, si ses frontiĂšres sont peut-ĂȘtre floues, il existe bel et bien une culture homosexuelle. Ou plutĂŽt des cultures homosexuelles. Il est impossible ici de vous dresser une liste exhaustive. Par ailleurs, il n’existe pas de label « culture homo Â».

Histoires gay et lesbienne. Indissociable de l’Histoire avec un grand H, l’histoire des homosexualitĂ©s permet d’éclairer sous un jour nouveau notre situation actuelle et surtout, les diffĂ©rentes Ă©volutions que les revendications des homos ont su provoquer. Comment, en somme, une minoritĂ© de personne a pris part Ă  l’évolution de l’ensemble de la sociĂ©tĂ© et l’a transformĂ©e.

Trouver sa place dans la communautĂ©. Vivre en sociĂ©tĂ© nous oblige Ă  dĂ©finir ce que nous sommes, et c’est ainsi que nous gagnons une partie de notre identitĂ©. Etre homo n’est pas qu’une identitĂ© individuelle, confinĂ©e Ă  la sphĂšre du privĂ©. C’est une identitĂ© revendiquĂ©e par des millions de gens de par le monde, des personnes qui subissent les mĂȘmes discriminations et qui ressentent les mĂȘmes Ă©motions. Se dĂ©finir en tant qu’homo, c’est aussi faire partie de cette communautĂ©.

Vocabulaire communautaire. Parce que tout le monde ne sait pas ce que cockring, hétérocentrisme, outing ou trouple signifient.

Associations et numéros utiles. Pour ne pas rester isoléE.

Ailleurs

Le livre est dĂ©sormais Ă©puisĂ©. Vous pouvez essayer de trouver Le guide des jeunes homos sur plusieurs librairies :

Sinon, Matoo a fait une critique de ce guide sur son blog.

Enfin, si vous l’avez achetĂ©, n’hĂ©sitez pas Ă  me donner votre avis.

Commentaires

2 rĂ©ponses Ă  “Le guide des jeunes homos”

  1. […] On a bien discutĂ©, on a bien rigolĂ©, jusqu’Ă  ce que je bug en me rendant compte que mon livre qui apparait dans une des vidĂ©os des paillettes, a Ă©tĂ© publiĂ© y’a presque 20 ans. Le […]

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