Chair

Je sais, tu es mon amour, tu viens de ma chair, tu attends que je te prenne entre mes bras, pour que nous ne fassions plus qu’un… Je rêvais de toi. Tu étais dans ma poitrine, et je te donnais mon sang, mes muscles, mes os. Je ne souffrais pas. Tu me prenais la moitié de mon coeur, si doucement, que c’était en moi une volupté de me partager ainsi. Je cherchais ce que j’avais de meilleur, ce que j’avais de plus beau, pour te l’abandonner. Tu aurais tout emporté, que je t’aurais dit merci… Et je me suis réveillé, quand tu es sortie de moi. Tu es sortie par mes yeux et par ma bouche, je l’ai bien senti. Tu étais toute tiède, toute parfumée, si caressante que c’est le frisson même de ton corps qui m’a mis sur mon séant.

La Faute de l’abbé Mouret, Émile Zola.


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