Vous aviez déjà vu des bulbes d’anémones? C’est beau comme de petits fossiles faits d’écorce. J’ai dû mal à arrêter de les caresser.
Deuxième jour du confinement, c’était jardinage. J’ai rangé la terrasse et déplacé des pots. J’en ai profité pour planter des bulbes retrouvés dans une boite sous le canapé, même si c’est pas tout-à-fait le bon moment. J’aurai dû attendre juin, mais ceux-là, achetés dans une foire horticole du Centre, je les oublie chaque année depuis presque 5 ans. Alors tant pis, on verra bien.
Il y a chez ma mère un tableau aux couleurs sombres représentant un bouquet d’anémone, peint par feue ma tante, Antoinette. Béatrice ne parle pas souvent de cette sœur, disparue avant ma naissance, et qui m’a donné mon second prénom. J’ai longtemps crû que c’était parce que le temps avait passé, qu’elle n’avait plus besoin de parler d’Antoinette, qu’elle était passé à autre chose. J’ai compris en vieillissant, assez tard d’ailleurs, que c’était parce qu’au contraire, c’était encore trop douloureux de raviver cette perte et qu’elle ne pouvait pas en parler sans avoir de l’eau dans les yeux. Ils étaient onze enfants en tout, beaucoup sont morts, Antoinette et Denise sont parties, Béatrice demeure, dernière sœur, son tableau au mur en gardien de l’amour.
Avant de les mettre en terre, il faut réhydrater les bulbes d’anémone, puisqu’ils sont secs comme de la pierre, en les laissant tremper quelque heures dans l’eau. Ils se dérident alors, et sont prêts à être planter, au soleil, dans une terre drainée, pas trop profond.
A priori, pas de fleurs cette année, puisque les bulbes doivent passer l’hiver en terre. Rendez-vous l’année prochaine pour découvrir le résultat.