L’ami activiste sida Christophe Martet prend sa retraite de journaliste, et quitte ses fonctions à Komitid. Une petite anecdote pour l’occasion, parce que j’ai la chance de connaître Christophe depuis mon passage à Act up-Paris et Têtu.
On était au début des années 2000, j’étais un jeune séropo, dans les deux sens du terme. J’étais perdu même si je faisais le fier, et quand Christophe m’a demandé si je voulais témoigner dans Têtu sur les «Nouveaux séropositifs», j’ai accepté en changeant mon nom parce que ma mère ne savait pas encore. Je sais plus tout ce que j’ai raconté, mais en tout cas, je lui ai fait part de ma peur de mourir en 4 ans, et de l’urgence que ça avait déclenché chez moi.
Après l’interview, on a continué à discuter un petit moment, et j’étais content. Je n’avais pas eu beaucoup l’occasion de parler avec d’autres séropositifs et c’était quelqu’un qui comprenait ma peur de partir vite, même quand tout le monde me disait qu’elle était irrationnelle. Les nouveaux traitements venaient d’arriver depuis quelques années, «ça va aller», «tu es jeune». Christophe a tout de suite compris mes arrangements avec la rationalité et le sida. C’est drôle, il m’a dit, moi j’ai toujours cru qu’il me restait le même nombre d’année à vivre que le nombre d’années passées avec le VIH. Deux ans après le test, je me disais que j’avais encore deux ans. Après huit ans, il me restait huit ans, etc.
C’était absurde et drôle, et triste, et c’est resté avec moi depuis. Ça fait bien plus de quatre ans que je vis avec le virus, bientôt vingt cinq ans. J’ai vécu plus longtemps avec que sans, et maintenant, je crois fermement qu’il me reste au moins 25 ans à vivre avec. Christophe avait raison.
Christophe est aujourd’hui président de «Vers Paris sans sida».
Commentaires
Une réponse à “Le temps du sida”
Oh c’est très touchant cette anecdote. :) Christophe c’est vraiment un énorme repère militant pour moi en effet. On vieillit tous les uns avec les autres. :D