C’est pour toutes ces personnes que j’ai compilé ce nouveau dossier : pour celles qui y reconnaîtront leur expérience, pour celles qui découvrent soudain le problème, pour celles qui refusent de le voir, pour celles qui sont furieuses à la simple idée qu’on en parle. La réalité du sexisme geek, dans le détail. Les communautés anglophones se sont emparées du sujet depuis un moment ; la récurrence des incidents ne laisse plus de place au déni. La presse spécialisée s’est sensibilisée au sexisme, des sites dédiés au féminisme geek ont été créés, même des acteurs majeurs de l’industrie commencent à retrousser leurs manches pour lutter contre la sclérose de l’entre-soi. Hélas le débat ne semble pas pénétrer les frontières françaises. Silence confortable sur l’Hexagone pour les geeks machos qui y perpétuent allègrement leurs pratiques d’exclusion. ça suffit maintenant, «l’exception française» — il est temps d’avoir cette discussion.
» Sexisme chez les geeks : Pourquoi notre communauté est malade, et comment y remédier, Genre!.
Un incroyable boulot de @Mar_Lard, qui résonnera chez ceux qui se sont déjà senti déplacé.e.s dans une communauté geek/gamer. (Ce n’est pas pour rien que je ne joue en ligne qu’avec des amis IRL ou avec des guildes homos.), mais aussi chez les autres, j’espère. C’est la première fois que je vois rassemblés en un seul endroit autant d’exemples concrets, c’est un point de départ incroyable, un outil potentiel de changement. L’auteure propose des pistes de réflexions pour en sortir, et se tient prête à répondre aux critiques sur Twitter avec une sélection de liens pertinents.
Par ailleurs, les remarques sur l’agressivité, le ton, l’exagération qu’on a pu faire à l’auteur, tout ça ce sont des mécanismes de défenses bien connus employés par les hommes du haut de leurs privilèges de classe. Je le sais d’autant mieux que, même si je suis pédé, je reste un homme. Si ton seul commentaire, c’est une critique de la violence des propos, c’est que tu passes à côté de la véritable source de la violence, le sexisme. (Et c’est pas la peine de commenter, ça ne fait qu’ajouter du bruit.) C’est dur de voir questionner ses privilèges, c’est pas marrant d’être le bad guy. Personne ne veut être le salaud. Mais parfois, grandir, c’est reconnaître qu’on a merdé —euphémisme— et qu’on pourrait mieux faire.
Les valeurs exprimées dans l’article, si elles sont exacerbées par la nature de la communauté (pseudo-anonymat, jeunesse, recourt constant à l’ironie, etc.), sont amenées par notre culture au sens large, elles sont le reflet de ce que la société apprends à ses enfants, la conséquence de rôles genrés rigides, arbitraires et délétstères, pour les femmes, mais aussi pour les hommes. J’avoue que, parfois, le chemin restant à parcourir me semble horriblement long.
[Edit 19/03/13]
Dans un post de blog fleuve mis en ligne le 16 mars, la gameuse MarLard démontre par A + B le sexisme inhérent au milieu geek. Attention, ça pique les yeux.
» Le milieu geek, bien trop sexiste?, Les Inrocks.
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