Poser de meilleures questions

Aujour d’hui, dans la mort, son refus du compromis prend un nouveau visage. C’était un idéaliste, et ses nombreux projets —achevés et inachevés— sont un témoignage des barrières qu’il avait mises à bas et de celles qu’il tentait de repousser. C’est l’héritage d’Aaron Swartz: quand il pensait que quelque chose était cassé, il essayait de réparer. S’il échouait, il essayait de réparer autre chose.

Huit ou neuf mois avant sa mort, Swartz fit une fixation sur Infinite Jest, l’énorme et complexe roman de David Foster Wallace. Il pensait pouvoir démêler les fils de l’intrigue et les assembler en un tout cohérent et facilement décomposable.

C’était un problème difficile, mais il pensait pouvoir le résoudre. Comme son ami Seth Schoen l’écrivit après sa mort, Swartz pensait qu’il était possible « d’arranger le monde principalement en l’expliquant soigneusement aux gens».

Ce n’est pas que Swartz ait été plus intelligent que la moyenne, explique Taren Stinebrickner-Kauffman —il posait simplement de meilleures questions. Projet après projet, il enquêtait et bricolait jusqu’à extirper les réponses qu’il cherchait. Mais au final, il s’est retrouvé avec un problème insoluble, un système qui n’avait pas de sens.

 » Aaron Swartz, les mystères d’un idéaliste, Slate.

Bonne traduction d’un bon portrait. C’est marrant ce petit sentiment de malaise qu’on ne peut s’empêcher de ressentir face à l’histoire de personnes comme ça, qui arrivaient à regarder derrière le rideau et qui ont tant fait en si peu de temps. Nous sommes tellement dans le brouillard, mais ceux qui arrivent à voir plus loin le payent tellement cher.

A man named John Atkinson wrote a blog post titled Why Am I So Upset About Aaron Swartz’s Suicide? in which he asked himself why the death of someone he didn’t know, and had never heard of until his arrest, had affected him so profoundly, when most tragedies in the news—wars, natural disasters, school shootings—left him cold. Aaron Swartz is what I wish I was, he wrote. I am a bright technologist, but I’ve never built anything of note. I have strong opinions about how to improve this world, but I’ve never acted to bring them to pass. I have thoughts every day that I would share with the world, but I allow my fears to convince me to keep them to myself. If I were able to stop being afraid of what the world would think of me, I could see myself making every decision that Aaron made that ultimately led to his untimely death. This upsets me immensely. I am upset that we have a justice system that would persecute me the way it did Aaron. I am upset that I have spent 27 years of my life having made no discernible difference to the world around me.

 » Requiem for a Dream, The New Yorker.

Pas question d’idéaliser Aaron Swartz pour autant, le reste de l’article souligne l’ombre et la lumière du personnage. très beau papier, avec beaucoup de témoignages de ses proches.


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