La sous-langue

«Radio Radio se complaît dans la sous-langue d’êtres handicapés en voie d’assimilation». C’est ce qu’affirmait Christian Rioux dans une chronique publiée dans Le Devoir le 26 octobre dernier.

Ces propos en ont choqué plusieurs en Acadie et avec raison.

(…)

Dans ce contexte particulier, ce n’est pas en semant la honte que nous cultiverons la fierté. L’acharnement pour un français normatif pur risque de cultiver un sentiment d’aliénation chez plusieurs Acadiens et Acadiennes. Ayant à choisir entre une minorité francophone qui condamne leurs médiocrités langagières et une majorité anglophone qui offre, par ailleurs, les opportunités d’un groupe linguistique dominant, les Acadiens et les Acadiennes seraient de plus en plus nombreux à « choisir » l’assimilation.

C’est pourquoi il est malhabile de couvrir de honte la qualité du français dans nos communautés acadiennes. Notre défi est d’abord de cultiver la fierté acadienne, la fierté d’une minorité envers la langue qui lui appartient, une langue qui peine à préserver son intégrité et à évoluer au rythme de la « métropole ».

Ultimement, ces lignes cherchent à informer les Québécois et les Québécoises de la réalité acadienne. Avec tous ses défauts, l’Acadie résiste, se redéfinit et fonce vers un avenir en français. La « laideur » et les « anomalies » de notre français « bâtard » et « handicapé » est, par-dessus tout, la preuve de notre ténacité, les cicatrices de nos luttes quotidiennes. Ainsi, pour plusieurs jeunes Acadiens et Acadiennes, Radio Radio est un exemple de succès, ludique et limité à la sphère artistique certes, mais qui démontre que la réussite est aussi possible en français qu’en anglais. Je préfère de loin le français mutilé de Radio Radio que l’anglais de Simple Plan.

La langue Radio Radio? Réponse d’un être handicapé en voie d’assimilation, Martin LeBlanc Rioux, Voir.ca.

Une bien belle réponse. L’article du Devoir n’est pas disponible en ligne, mais vu l’extrait, je sais pas si on doit le regretter. C’est dur de lire des mots pareils sur le chiac acadien venant d’un Québecois, qui devrait pourtant savoir ce que c’est que de voir sa langue dénigrée.

La musique de Radio Radio est sur iTunes, en tout cas. C’est vraiment bien, et je dis pas ça parce que j’ai eu la chance de les rencontrer. C’est beau et créatif, ça fait sens, ça fait écho à notre usage de l’anglais, ça questionne la musique de nos langues.

Et en plus, le chiac, c’est la solution aux problèmes de langues canadiens:


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